Alors que le conflit en Ukraine se prolonge sans avancée notable vers un cessez-le-feu, des ONG russes et ukrainiennes ont lancé à Bruxelles une initiative commune baptisée People First. Cette campagne vise à replacer les droits humains au cœur des négociations, dénonçant l’oubli des victimes civiles, des prisonniers et des enfants déportés dans les discussions politiques.
Un appel à la paix porté par des voix citoyennes
À Bruxelles, des militants des droits humains venus de Russie et d’Ukraine ont été réunis cette semaine dans un même élan. Malgré les tensions entre leurs pays, ces acteurs engagés ont réaffirmé leur collaboration. Leur objectif : exiger que les pourparlers de paix intègrent enfin la dimension humaine du conflit. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la campagne People First — traduite par « Les gens d’abord » — qui appelle à ne pas reléguer les souffrances civiles au second plan.
Les droits humains toujours bafoués
Selon les ONG impliquées, les exactions commises dans les zones occupées continuent sans relâche. Des cas de torture, de disparitions forcées et de détentions arbitraires ont été recensés des deux côtés du front. La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’homme en Russie, Mariana Katzarova, a déploré que les discussions diplomatiques ne portent que sur les enjeux économiques et territoriaux. Le coût humain du conflit, selon elle, demeure ignoré.
Une coopération malgré les risques
Malgré les obstacles, des liens concrets ont été maintenus entre défenseurs des droits en Ukraine et en Russie. Le Centre ukrainien pour les libertés civiles et l’organisation russe Memorial, tous deux récompensés par le prix Nobel de la paix en 2022, poursuivent leur travail d’enquête. Il a été souligné que certains avocats russes prennent des risques considérables en défendant des Ukrainiens devant les tribunaux russes, alors même que ce type d’engagement peut conduire à des poursuites judiciaires.
Des chiffres alarmants sur les disparitions
Depuis le début de l’invasion, plus de 50 000 civils ukrainiens auraient disparu après avoir été transférés en territoire russe, selon une estimation communiquée par l’organisation dirigée par Evgueni Zakharov, basée à Kharkiv. Ce dernier, engagé depuis l’époque soviétique, a insisté sur la nécessité de maintenir une collaboration active entre les deux sociétés civiles. D’après lui, seule une action conjointe permettra de jeter les bases d’un avenir plus juste, aussi bien pour l’Ukraine que pour une Russie post-Poutine.
Une campagne soutenue à l’international
La campagne People First bénéficie du soutien d’environ cinquante organisations, dont Russie-Libertés en France. L’initiative demande également la libération de quelque 2 000 prisonniers politiques actuellement détenus en Russie. Il est rappelé que ces voix dissidentes, bien qu’étouffées, continuent de se faire entendre, au péril de leur liberté.
À travers cette mobilisation transnationale, les ONG espèrent infléchir le cours des discussions internationales. Le message porté par People First est clair : une paix durable ne pourra être envisagée qu’en tenant compte de la souffrance des populations. Car au-delà des intérêts géopolitiques, ce sont d’abord les vies humaines qui sont en jeu.
Source : francetvinfo.fr