L’Allemagne a récemment rejoint le club très fermé des pays qui ont légalisé l’usage récréatif du cannabis. Une décision qui soulève de nombreuses questions, en particulier sur les risques d’une explosion de la consommation. Pour y répondre, rien de tel que de se pencher sur les pays pionniers en la matière. Leurs expériences apportent un éclairage précieux sur les effets concrets de la légalisation.
Un constat sans appel : la consommation des adultes s’envole
Premier enseignement des pays qui ont légalisé le cannabis : la consommation des adultes bondit. En Uruguay, le pourcentage d’usagers réguliers chez les plus de 18 ans a presque doublé entre 2014 et aujourd’hui, passant de 9,3 % à 15,5 %. Un phénomène également observé dans les États américains du Colorado et de Washington, ainsi qu’au Canada.
Cette hausse spectaculaire s’explique de plusieurs façons. Déjà, la fin de l’interdit légal libère la parole et les consciences. La peur et les tabous disparaissent, consommer du cannabis devient un acte assumé, y compris dans les enquêtes de prévalence.
Ensuite, la légalisation accroît mécaniquement la disponibilité et la visibilité des produits. Les boutiques fleurissent et s’étoffent avec une profusion de nouveautés : gâteaux, sodas, huiles, etc. De quoi séduire un public toujours plus large !
Enfin, l’ouverture d’un marché légal instaure une concurrence frontale avec les trafiquants. S’ensuit une guerre des prix qui profite in fine aux consommateurs.
Il va donc sans dire que c’est un cercle vicieux qui dope les ventes comme jamais. Du coup, les adultes consomment plus souvent, en plus grande quantité et sous des formes plus variées qu’avant la légalisation. En entendant, vous pouvez trouver vos huiles CBD sur Mamakana.com étant donné qu’elles sont légales en France, tant qu’elles respectent certains critères.
Chez les jeunes, des effets plus contrastés
Qu’en est-il des mineurs et jeunes adultes, cibles de toutes les inquiétudes ? Là encore, les retours d’expérience apportent des réponses nuancées. Si la consommation des moins de 18 ans reste globalement stable dans les États américains qui ont légalisés, elle grimpe en revanche en Uruguay. Une disparité qui s’explique par des politiques plus ou moins restrictives.
En Outre-Atlantique a contrario, impossible pour un mineur de mettre un pied dans un cannabis store sans présenter une pièce d’identité. Les contrôles stricts limitent l’accès direct au produit, sans pour autant le verrouiller totalement.
L’écrasante majorité des lycéens du Colorado confie ainsi se procurer du cannabis légal en le faisant acheter par un proche majeur. En Uruguay, le cadre est plus lâche et le marché noir encore vivace, ce qui facilite l’approvisionnement des plus jeunes.
Chez les jeunes adultes, en revanche, la tendance est sans équivoque : la consommation s’envole. Dans l’État de Washington, la part d’usagers chez les 18-25 ans a bondi de 20 % entre 2017 et 2019. Or, c’est un public qui cumule les facteurs de risque : cerveau encore en développement et forte sensibilité au marketing et aux prix bas.
Faut-il pour autant renoncer à légaliser ?
Au vu de ces résultats pour le moins mitigés, faut-il enterrer toute velléité de légalisation ? Pas si simple. Car le statu quo comporte aussi son lot d’effets pervers. Aujourd’hui, le marché noir prospère sans aucun garde-fou sanitaire ni fiscal. Les consommateurs s’approvisionnent à l’aveugle, sur des produits aux risques inconnus.
En légalisant, les États reprennent la main sur la chaîne de production et de distribution. Le Far West cannabique disparaît, place aux contrôles stricts, à la traçabilité et aux mises en garde. Un mal pour un bien, en somme.
D’autant que la légalisation ne se résume pas à un big bang incontrôlé. Elle peut se conjuguer à des garde-fous :
- monopole d’État ;
- interdiction de la publicité ;
- prix planchers ;
- messages de prévention, etc.
L’essor de la consommation n’a donc rien d’une fatalité. Il est le fruit de choix politiques sur lesquels les États peuvent jouer pour corriger le tir. L’Uruguay l’a bien compris, lui qui a misé sur un modèle très régulé et une montée en puissance progressive. D’ailleurs, aucun pays pionnier ne songe à faire machine arrière. Tous cherchent le point d’équilibre entre santé publique et réalisme.