Le militant panafricaniste Kemi Seba a été libéré mercredi 16 octobre 2024, après avoir été placé en garde à vue par la DGSI. Aucune poursuite n’a été engagée à ce stade, bien que les investigations pour ingérence étrangère se poursuivent.
Kemi Seba libéré sans poursuite après son interpellation
Mercredi 16 octobre 2024, le panafricaniste Kemi Seba, de nationalité béninoise, a été relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui, après une garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Le parquet de Paris a confirmé que l’enquête sur de possibles « intelligences avec une puissance étrangère » se poursuit dans le cadre d’une enquête préliminaire. Ces soupçons auraient un lien avec des actes susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la France, un crime passible de lourdes peines.
Des accusations graves pour ingérence étrangère
Kemi Seba, interrogé par la DGSI, était suspecté d’avoir noué des relations avec des entités étrangères pour encourager des actions hostiles envers la France. Selon son avocat Juan Branco, l’enquête concerne également des soupçons de collaboration pouvant compromettre les intérêts nationaux. Si les accusations se confirment, l’activiste encourrait jusqu’à 30 ans de prison. L’enquête se poursuit, mais pour l’instant, Kemi Seba est libre de ses mouvements.
Un passé polémique et une figure controversée
Connu sous son véritable nom Stellio Capo Chichi, Kemi Seba est une figure bien établie du militantisme panafricaniste. Il a déjà été condamné en France pour incitation à la haine raciale en raison de son passé à la tête de la « Tribu Ka », un groupe dissous en 2006 pour ses positions antisémites. Aujourd’hui à la tête de « Urgences panafricanistes », il jouit d’une importante audience sur les réseaux sociaux, notamment avec 1,3 million de followers sur Facebook et 282 000 sur X (anciennement Twitter).
Ses opinions anti-occidentales tranchées, notamment contre le franc CFA, lui ont valu plusieurs expulsions de pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou encore la Guinée. Malgré ces controverses, il est resté une voix influente dans la lutte contre l’influence française en Afrique.
Une arrestation contestée par son avocat
L’arrestation de Kemi Seba a provoqué des réactions indignées, notamment de son avocat, Juan Branco, qui a dénoncé une « interpellation violente ». Seba, qui était de passage à Paris avec un passeport diplomatique nigérien pour rendre visite à son père malade, aurait été brutalement appréhendé par une dizaine d’agents de la DGSI. Selon son avocat, l’intervention a été accompagnée d’insultes et de violences physiques.
Branco a qualifié l’arrestation de « criminalisation d’un opposant politique ». Le militant béninois, récemment nommé conseiller spécial du général Abdourahamane Tiani, chef de la junte militaire au Niger, bénéficie d’un statut diplomatique controversé, renforçant les tensions autour de son arrestation.
Un parcours militant sous haute surveillance
Depuis plusieurs années, Kemi Seba est en première ligne des mobilisations panafricanistes contre le franc CFA. Ses actions ont régulièrement mené à des arrestations, notamment en Afrique de l’Ouest. En juillet 2024, il a été déchu de la nationalité française, une décision qu’il a publiquement saluée sur ses réseaux sociaux.
Les tensions autour de Kemi Seba s’inscrivent dans un contexte plus large de remises en question des relations entre la France et ses anciennes colonies africaines. L’arrestation du militant, bien qu’il ait été relâché sans poursuite, montre la complexité de son rôle dans les relations internationales et les enjeux sécuritaires qu’il soulève.
Enquête toujours en cours
Malgré sa libération, l’enquête pour ingérence étrangère reste ouverte. La DGSI et le parquet de Paris continuent de travailler sur le dossier, tandis que Kemi Seba reste un acteur clé dans le paysage du militantisme panafricaniste. Pour l’heure, aucune preuve concrète ne semble justifier des poursuites pénales, mais l’affaire pourrait encore évoluer dans les prochains mois.