Chaque année, la corruption prive l’Ouganda de 2,3 milliards d’euros, soit près d’un quart de son budget annuel, alerte l’Inspection générale du gouvernement. Un chiffre alarmant dans un pays où les scandales de détournement de fonds se multiplient, malgré les promesses répétées de lutte contre ce fléau.
L’Ouganda, pays d’Afrique de l’Est dirigé depuis 1986 par le président Yoweri Museveni, est en proie à un véritable fléau : la corruption. Selon Beti Kamya Turwomwe, cheffe de l’Inspection générale du gouvernement (IGG), ce phénomène coûte chaque année environ 2,3 milliards d’euros au pays, soit 23 % du budget national. Cette somme, qui pourrait financer des services essentiels pour la population, continue de s’évaporer dans les rouages d’un système gangrené par des pratiques frauduleuses.
« La perte de sommes aussi considérables devrait alerter tous les citoyens », a déclaré Beti Kamya ce lundi 7 octobre à l’AFP, soulignant la gravité de la situation. Ses propos font écho au rapport annuel de l’IGG présenté récemment au parlement. Ce document, basé sur des recherches du Government Transparency Institute, met en lumière les secteurs les plus touchés par la corruption, à commencer par celui de la protection de l’environnement, où les pertes s’élèvent à plus de 630 millions d’euros.
Un mal enraciné malgré les promesses politiques
L’Ouganda est classé 141e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Malgré les discours fermes de Yoweri Museveni sur la lutte contre ce fléau, les scandales continuent de secouer le pays. Un des cas les plus médiatisés concerne la récente grâce présidentielle accordée à un fonctionnaire qui avait détourné plus d’un million d’euros des caisses de l’État. Cette décision a suscité l’indignation des organisations de la société civile, qui dénoncent une justice à deux vitesses et l’impunité des élites.
Des pertes sous-estimées ?
Le rapport de l’IGG, bien que déjà accablant, pourrait ne pas refléter la réalité complète. Les chiffres publiés sont qualifiés de conservateurs par les auteurs, en raison de méthodes d’estimation imparfaites et d’un manque de données sur certaines pratiques illicites. Par exemple, les coûts liés à la corruption dans l’accès à des services de base comme l’eau et l’électricité sont estimés à 119 millions d’euros, un chiffre qui pourrait en réalité être bien plus élevé.
Malgré l’ampleur des sommes perdues, les efforts de l’Inspection générale du gouvernement pour récupérer les fonds détournés restent limités. En effet, seulement 1,8 million d’euros ont été récupérés cette année, un montant dérisoire au regard des pertes totales. Beti Kamya attribue cette faiblesse à un manque criant de financements et de personnel dans les services de lutte contre la corruption.
Des sanctions internationales en hausse
Face à la persistance de la corruption au sommet de l’État, la communauté internationale commence à réagir. En avril et mai derniers, le Royaume-Uni et les États-Unis ont pris des sanctions à l’encontre de plusieurs responsables politiques ougandais, dont la présidente du parlement Anita Among, pour des faits de « corruption significative ». Ces mesures traduisent une exaspération croissante face à l’inefficacité des autorités locales à endiguer ce phénomène.
Alors que la population ougandaise continue de souffrir des effets dévastateurs de la corruption, les réformes attendues pour améliorer la transparence et la gouvernance se font attendre. L’ampleur des pertes et l’impunité apparente des responsables corrompus représentent un défi majeur pour l’avenir du pays.
Source : Lefigaro